jeudi 23 février 2017

Déclaration de Tunis sur la réconciliation en Libye

Un long travail est nécessaire pour réunir les Libyens

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le 21.02.17 | 12h00 Réagissez

La réunion tripartite algéro-égypto-tunisienne sur la Libye a accouché hier de «la déclaration de Tunis», qui rappelle les principes généraux d’un règlement politique dans ce pays. Il est clair, au vu des dernières tractations, que la solution ne sera pas pour demain.

La rencontre tripartite, tant attendue par les milieux politiques à Tunis, entre les ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, Abdelkader Messahel, de l’Egypte, Sameh Chokri, et de la Tunisie, Khemaies Jhinaoui, s’est finalement résumée à l’établissement d’un état des lieux des tractations en cours.
La «déclaration ministérielle de Tunis de règlement politique global en Libye», signée hier à Tunis, en présence du président Béji Caïd Essebsi, a insisté sur le besoin de «surmonter les différends interlibyens, ayant empêché l’application de l’accord politique de Skhirat, signé le 17 décembre 2015, à travers un dialogue entre les intervenants libyens de tous bords».
La déclaration a rappelé que «l’instabilité sévissant en Libye impacte négativement l’environnement régional par la propagation de l’insécurité et des crimes transfrontaliers, notamment le terrorisme et l’émigration clandestine». L’idée, selon la déclaration,  est de «parvenir à des amendements consensuels de l’accord de Skhirat, pour pouvoir l’appliquer avec l’appui des trois pays et de l’ONU, sur la base d’une solution politique, qui n’exclut aucune partie et qui garantit l’unité de l’armée libyenne».
Contexte et enjeux
Cette rencontre survient quelques jours après l’échec de la communauté internationale à réunir, au Caire, l’homme fort de l’Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, avec le chef du gouvernement de réconciliation, Fayez El Sarraj. Haftar, ayant refusé de rencontrer El Sarraj, considère, selon les fuites parvenues aux médias, que ledit gouvernement de réconciliation n’a pas de présence significative sur le terrain.
L’échec du Caire a imposé ce besoin de mise au point des tractations internationales, notamment celles des pays du voisinage immédiat de la Libye, ce qui a été, semble-t-il, fait à Tunis.
«La déclaration de Tunis rappelle, certes, les fondements connus par tous d’un compromis en Libye. Toutefois, elle sous-entend quelques conditions, en insistant sur l’unité de l’armée nationale libyenne, ce qui exclut la proposition de faire un commandement par région militaire, comme compromis entre l’Est et l’Ouest», souligne le politologue Ezzeddine Aguil, qui pense que «ce serait l’Egypte qui serait derrière cette citation».
Côté tunisien, le président Béji Caïd Essebsi a indiqué, dans une interview accordée  avant-hier sur la chaîne Nessma, que la solution de la crise libyenne est entre les mains des Libyens ; que la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte aident à favoriser le rapprochement interlibyen et que Haftar «est en route vers Tunis», histoire de signifier que des tractations sont en cours pour faire venir l’homme fort de l’Est libyen à Tunis. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, n’a pas tari d’éloges à l’égard du maréchal Khalifa Haftar, dans une interview accordée à la TAP, en le qualifiant de «patriote et un des acteurs-clés de la solution en Libye».
Flou à Tripoli
Côté libyen, les observateurs expliquent le blocage dans le processus de réconciliation par le chaos dominant dans l’Ouest libyen et les tiraillements sévissant entre les acteurs de cette région-clé en Libye. On peut facilement discerner trois forces politiques distinctes à Tripoli, qui disposent d’un appui militaire, sans parler des petites milices de quartier. Il y a, d’abord, le gouvernement d’El Sarraj et sa Garde nationale, en cours de constitution.
Il y a, aussi, les groupes politico-militaires, qui ont soutenu l’entrée d’El Sarraj à Tripoli et qui expriment régulièrement des réserves, comme leur dernière formation d’une Garde nationale parallèle, en réunissant leurs milices. Le mufti Sadok Ghariani, le leader islamiste, Abdelhakim Belhaj, le président du Conseil de l’Etat, Abderrahmane Swehli, en sont les principaux acteurs politiques. Le gouvernement de salut national de Khalifa Ghouil est l’un des opérateurs de ce clan.
Il ne faut pas, non plus, oublier que Haftar dispose d’une arrière-garde à Tripoli et dans son environnement. Donc, ce n’est pas encore le calme dans la capitale libyenne. Loin de là, comme l’atteste l’attaque lancée, hier, contre le convoi de Fayez El Sarraj et de Abderrahmane Swehli à Tripoli. Plusieurs milices sont des électrons libres à Tripoli, qui vit désormais dans l’incertitude sur le plan sécuritaire.
Algériens, Egyptiens et Tunisiens ont fait à Tunis ce constat «sombre» de la situation en Libye. Lequel check-up nécessite du temps et des efforts pour parvenir à réunir les belligérants libyens autour d’une solution. Toutefois, Trump et Poutine risqueront de chambarder la donne, si le premier donne le feu vert au second, pour soutenir un clan contre un autre.

El Sarraj et Swehli échappent à un attentat

Un convoi du chef du gouvernement d’union nationale libyen (GNA), Fayez El Sarraj, a essuyé, hier, des tirs à Tripoli, ont indiqué les porte-parole du GNA et du Conseil d’Etat libyen.
«Le convoi du chef du GNA, Fayez El Sarraj, et du président du Conseil d’Etat, Abderrahmane Swehli, a essuyé des tirs lors de son passage près du secteur d’Abou Slim à Tripoli. Toutes les voitures du convoi étaient blindées. Il n’y a pas eu de blessé», a affirmé à la presse le porte-parole du GNA, Achraf Al Thulthi, faisant état de l’ouverture d’une enquête.
De son côté, le porte-parole du Conseil d’Etat, Mohamed Salem, a précisé que le convoi qui roulait sur une autoroute avait fait l’objet de «tirs nourris» de la part de groupes armés se trouvant dans un bâtiment situé à proximité du siège du Conseil d’Etat. Deux gardes ont été blessés, selon M. Salem. R. I.
 
Sellami Mourad
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